& "Patience and tranquillity of mind".... - 1785 -1787 -
Salzbourg, le 11 novembre 1785
Léopold Mozart à sa fille à St Gilgen
Léopold va bien !
J'ai enfin reçu une lettre de ton frère de 12 lignes en tout. Il me demande de lui pardonner car il doit terminer en toute hâte l'opéra Le Nozze de Figaro. Il me remercie, ainsi que vous, pour les souhaits pour sa fête, il me demande de l'excuser en particulier auprès de toi, et de vous dire qu'il n'a pas le temps de répondre tout de suite. Pour être libre et composer le matin, il a repoussé toutes ses leçons l'après-midi, etc.etc.
Je connais la pièce. Elle est très laborieuse, Dieu fasse que l'action plaise. Je ne doute pas de la musique. Cela lui coûtera de nombreuses allées et venues et bien des discussions avant que le livret soit aménagé selon son goût et comme il souhaite l'obtenir. Il aura toujours repoussé et aura pris son temps selon sa bonne habitude, et maintenant, il doit s'y mettre sérieusement parce que le Cte Rosenberg le relance.....
Vienne, le 2O novembre 1785
Wolfgang Mozart à Monsieur franç : Ant:/de Hoffmeister:Chez Lui
Très cher Hoffmeister !
Vous êtes mon refuge et je vous prie de me venir en aide avec un peu d'argent dont j'ai en ce moment un besoin pressant. Et je vous prie de me procurer dès que possible ce que vous savez.
Escusez-moi de toujours vous importuner, mais comme vous me connaissez, vous savez combien je tiens à ce que vos affaires marchent bien ; je suis donc tout à fait convaincu que vous ne m'en voudrez pas de mon insistance et que vous me viendrez en aide d'aussi bon coeur que je le fais pour vous.
Le 20 Nov. 1785 Mzt
Salzbourg, le 4 janvier 1786
Léopold à sa fille
(...)
Je viens d'aller voir Léopold alors qu'il était assis sur son joli pot de chambre et lui ai par la même occasion donné à boire un biberon pour que cela aille plus facilement. Il va, Dieu merci, fort bien mais n'est pas encore totalement débarrassé de son éruption. Je voudrais, et tout le monde avec moi, que vous puissiez le voir, vous en pleureriez de joie.....
Vienne, le 14 janvier 1786
Wolfgang Mozart au comte Wenzel Paar
Cher frère !
Je suis de retour depuis une heure, terrassé par de forts maux de tête et de crampe d'estomac, j'espérais une amélioration, mais ressentant le contraire, je vois bien que je ne serais pas en mesure d'assister à votre première solennité aujourd'hui. Je vous prie donc, cher fr. , de m'excuser de ce fait sur place et auprès de lui de qui de droit. Personne ne perd en cela plus que moi ; - je suis à jamais votre
Fr. sincère Mozart
A Sa Grandeur le Comte
oh oui, certainement ...
Salzbourg, le 17 novembre 1786
Léopold à sa fille à St Gilgen
Léopold est en bonne santé !
Et moi ? -- aussi un peu mieux, depuis que j'ai ch. ma 67ème année grâce à un laxatif le jour de mon anniversaire, et j'ai été très tenté d'aller à St Gilgen le 15. Qui sait ce qui guérit parfois l'homme.,
Il faut bien que je blague pour ne pas tomber dans la dépression. J'ai dû répondre aujourd'hui à une lettre de ton frère qui m'a coûté une bien longue épitre, je ne peux donc t'écrire que très peu. Tu peux imaginer combien ma lettre a dû être Insistante puisqu'il me fait la proposition de prendre ses 2 enfants en garde , ni plus ni moins, car il aimerait à la mi-carème faire un voyage en Angleterre en passant par l'Allemagne, etc. Mais j'ai abondamment écrit et promis de lui envoyer la Continuation de ma lettre par le prochain courrier.
Le bon et sincère M. Muller ayant chanté à ton frère les louanges de Léopold, il a appris que l'enfant était chez moi, ce que je ne lui avais jamais écrit. (!!) . Cette bonne idée lui est donc venue, ou peut-être à sa femme.
Bien sûr voyons, ce ne serait pas mal, ils pourraient tranquillement voyager, ils pourraient mourir, rester en Angleterre, je pourrais leur courir après avec les enfants etc. ou après le paiement de la pension qu'il me propose pour les domestiques et les enfants, etc.
Basta ! Mes excuses sont fortes et lourdes d'enseignement, s'il veut les utiliser....
A cet instant, le petit Johann Thomas Leopold Mozart, né le 18 octobre 1786, venait de décéder, le 15 novembre.... Mozart n'en informa jamais son père, qui dut l'apprendre de la bouche de ses amis les Storace de passage à Salzbourg.
Salzbourg, le 29 novembre 1786
Léopold à sa fille
Léopold vous embrasse, il va bien et est gai.
(...) Je n'ai pas reçu d'autre lettre de ton frère depuis la dernière fois, et n'en recevrai sans doute pas de sitôt. Bien que je lui aie tout expliqué avec grande affection.....
Salzbourg, le 12 janvier 1787
Ton frère sera maintenant à Prague avec sa femme, car il m'a écrit qu'il s'y rendait lundi dernier. Son opéra Le Nozze de Figaro y a été interprété avec si grand succès que l'orchestre et une société de grands connaisseurs et amateurs lui ont envoyé des lettres d'invitation et une poésie qui a été faite sur lui. Ton frère me l'a envoyée et le Comte Starhemberg l'a reçue de Prague. Je vous la ferai parvenir par le prochain courrier.....
Villa Bertramka, la maison de Mozart à Prague.
Prague, le 15 janvier 1787
Mozart à Gottfried Emilian von Jacquin à Vienne
Très cher ami !
Je trouve enfin un instant pour vous écrire. Dès mon arrivée, j'avais l'idée d'envoyer quatre lettres à Vienne, mais en vain ! Je n'ai pu venir à bout que d'une seule (à ma belle-mère), et encore, à moitié seulement. Ma femme et Hofer ont dû la terminer.
Dès notre arrivée, nous avons eu du travail par dessus la tête pour être préts à déjeuner à 1 heure. A 6 heures , je me suis rendu avec le Comte Canal à ce qu'on nomme le bal de Bretfeld, où la fine fleur des beautés pragoises a coutume de se réunir. C'eût été quelque chose pour vous, mon ami ! ... Je crois vous voir, courir, croyez-vous, après toutes ces jolies filles et femmes ? Non, clopiner derrière elles !
Je n"ai pas dansé, ni mangé. La première abstinence parce que j'étais trop fatigué, et la seconde du fait de ma sottise innée mais j'ai constaté avec un énorme plaisir que tous ces gens s'amusaient fort à sautiller sur la musique de mon Figaro. Car ici on ne parle que de Figaro, on ne joue, ne sonne, ne chante, ne siffle que Figaro, on ne va voir d'autre opéra que Figaro, et toujours Figaro ; un bien grand honneur pour moi, certes....
note : au sujet du passage plus haut, d'autres traductions du texte allemand disent :
"Je n'ai pas dansé, ni consommé. La deuxième abstinence du fait de ma timidité innée..."
Il est donc de toutes façons très intéressant de constater que Mozart, en ce qui concerne les femmes , était loin de suivre la trace de son ami Jacquin (n'en déplaise aux Sollers et Cie, qui voudraient tellement que Mozart soit comme eux).
Je dois vous avouer sincèrement que (bien que je sois ici l'objet de toutes sortes d'amabilités et d'honneurs, et que Prague soit en vérité une fort belle ville, j'ai tout de même hâte de retourner à Vienne...
Portez-vous bien, très cher ami, excellent Hinkiti-Honky ! C'est votre nom, sachez-le. Nous en avons inventé pour chacun d'entre nous, pendant notre voyage. Les voici ;
Moi : Pùnkitititi. Ma femme : SchablaPumfa. Hofer : Rozka-Pumpa. Stadler : Nàtschibinitschibi. Joseph mon domestique : Sagaratà. Gauckerl, mon chien : Schamanusky..........
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Mozart dans le livre d'or de Johann Georg Kronauer à Vienne, le 30 mars 1787
"Patience and tranquillity of mind contribute more to cure our distempers as the whole art of Medecine.
Vienne, le 30 mars 1787 Votre ami sincère et Fr.
Wolfgang Amadè Mozart
Membre de la très h. (rectangle) à l'Espérance
nouvellement couronnée à l'O:d:V: -
(à l'orient de Vienne)
Traduction :
"Patience et tranquillité d'esprit contribuent plus à guérir nos malaises que toute la médecine du monde."
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Vienne, le 4 avril 1787
Mozart à Léopold
Mon très cher Père !
Je suis très contrarié que par la bêtise de la Storace
( etonnante réflexion pour un homme qui serait amoureux de la chanteuse en question ? Même si il parlerait en fait de sa mère ? , voir notre article à ce sujet) ma lettre ne vous soit pas parvenue. Je vous y écrivais, entre autres, que j'espérais que vous aviez reçu ma dernière lettre, mais comme vous n'en aviez jamais parlé (c'était ma 2ème lettre de Prague), je ne savais qu'en penser. Il est possible qu'un domestique du comte Thun ait trouvé bon d'empocher l'argent ; j'aimerais mieux payer deux fois les frais de poste que de savoir mes lettres dans des mains étrangères....
J'apprends à l'instant une nouvelle qui m'accable beaucoup, d'autant plus que je pouvais croire, d'après votre dernière lettre, que vous alliez, Dieu merci, fort bien . J'apprends maintenant que vous êtes vraiment malade !
Je n'ai pas besoin de vous dire avec quelle impatience j'attends une nouvelle rassurante de votre propre plume ; et je l'espère aussi, fermement, bien que je me sois habitué à imaginer toujours le pire en toutes circonstances.... Comme la mort, (si l'on considère bien les choses) est l'ultime étape de notre vie, je me suis familiarisé depuis quelques années avec cette véritable et meilleure amie de l'homme, de sorte que son image non seulement n'a pour moi plus rien d'effrayant, mais est plutôt quelque chose de rassurant et de consolateur .
Et je remercie mon Dieu de m'avoir accordé le bonheur (vous me comprenez) de le découvrir comme Clé de notre véritable félicité.
Je ne vais jamais me coucher sans penser (quel que soit mon jeune âge) que je ne serai peut-être plus le lendemain, et personne parmi ceux qui me connaissent ne peut dire que je sois d'un naturel chagrin. Pour cette félicité, je remercie tous les jours mon Créateur et la souhaite de tout coeur à tous mes semblables.
Dans ma lettre (emportée par la Storace), je vous exposais ma manière de penser sur ce point, à l'occasion de la triste disparition de mon excellent ami le comte von Hatzfeld... Il avait tout juste 31 ans, comme moi. Ce n'est pas Lui que je plains, mais plutôt, et vraiment, moi et tous ceux qui le connaissaient aussi bien que moi....
J'espère et souhaite que vous alliez mieux au moment où j'écris ces lignes, si contre toute attente, vous n'alliez pas mieux, je vous prie par...... de ne pas me le cacher et de m'écrire, ou de me faire écrire , la vérité pure, afin que je puisse aller me blottir dans vos bras, aussi rapidement qu'il me sera possible. Je vous en prie par tout ce qui - nous est sacré. - Mais j'espère recevoir bientôt une lettre rassurante de vous, et dans cet espoir, je vous baise, tout comme ma femme et Carl, 1000 fois les mains et suis à jamais votre fils
très obéissant
W . A . Mozart
Vienne, le 4 avril 1787
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Mozart à Emilian von Jacquin à Vienne, fin mai 1787
Très cher ami ! Je vous prie de dire à M. Exner de venir demain à 9 heures pour faire une saignée à ma femme. Je vous envoie votre Amynt (lied) , et le cantique. Ayez la bonté de donner la sonate à Melle votre soeur et de lui transmettre mes compliments. Mais il faudrait qu'elle s'y mette tout de suite car elle est assez difficile. Adieu.
Votre sincère ami
Mozart
Je vous annonce que j'ai reçu aujourd'hui en rentrant chez moi la triste nouvelle de la mort de mon excellent père. - Vous pouvez imaginer mon état ! - ....
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Chapitre suivant : Un espiègle petit vilain, mais jamais un gredin
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